Ce matin, sept heures trente. Nous arrivons au lycée, dans le froid glacial de ce printemps qui s'attarde à caresser l'hiver et, surprise, des képis bleus sont alignés devant la grille du lycée. Et voilà que cahin-caha, certains d'entre nous auront travaillé sous la haute protection des forces de l'ordre...
Depuis quelques jours, le ton monte, on nous menace d'appeler les forces de l'ordre en renfort si nous maintenons notre nuit citoyenne.
Nous serions délogés, manu militari ?
Nous serions bombes-lacrymogénéisés ?
Nous serions flash-ballisés ?
Que se passe-t-il dans notre pays ?
Quelques revendications, une poignée de lycéens dans les rues, des dégradations - totalement condamnables - dans un ou deux lycées, et voilà que l'on nous sortirait l'artillerie lourde ? Ou peut-être est-ce un désir de pousser à la faute quelques jeunes dont on sait que le képi les excite ?
Où est passé le légendaire sens de la diplomatie de notre recteur ? "Celui-là finira au Quai d'Orsay", confiait une enseignante de la Guyane, où il exerça un temps ses talents de diplomate...
Nous en sommes loin...
Jeudi soir, des parents responsables, des enseignants soucieux de l'avenir de leurs élèves, des jeunes déterminés à ne pas se laisser inscrire sur les listes déjà longues des A.N.P.E., risquent de se trouver confrontés à la troupe des hommes en bleu. Et que dira la presse aux ordres : parlera-t-elle une fois de plus de "hordes" sauvages déferlant sur Bobigny ?
Affaire à suivre