jeudi 18 février 2010

À l’attention de M. Philippe Reymond, DRH au rectorat de l’académie de Créteil

Monsieur,

À la suite de notre courrier de doléances adressé à M. le Recteur de l’académie de Créteil, s/c de notre chef d’établissement, vous avez reçu une délégation de cinq enseignants du lycée Alfred Costes de Bobigny, le mardi 9 février 2010.

Au cours de ce long entretien, vous nous avez fait part de l’attention toute particulière que vous portiez à la situation de notre établissement et, de vous-même, avanciez un problème évident de management de la part de notre équipe administrative.

Quelques améliorations sont à noter depuis notre entretien : les enseignants absents depuis le début de l’année ont été remplacés, ainsi que le CPE. De même, l’eau a été remise en service dans les sanitaires des élèves.

Cependant, comment interpréter le fait que notre administration n'ait eu aucune réaction manifeste depuis le début de la mobilisation, qu’elle fasse la sourde oreille aux revendications, alors que des enseignants se sont mis en grève, que les élèves s'agitent et que des parents s'engagent. Pensez-vous qu’elle adopte une attitude responsable, notamment quand Madame la proviseur adjointe explique aux élèves d’une des classes cagnottes que les enseignants font grève contre eux ? Les derniers événements survenus dans notre établissement semblent dire le contraire :

- Vendredi 5 février, suite à un mouvement de mécontentement des élèves, M. Sochan a confisqué certains carnets de correspondance. Il n’a pas voulu les rendre aux élèves concernés et les a avertis qu’il les enverrait à l’Inspection Académique.

- Jeudi 11 février, vers 12h00, un groupe de militants UMP distribue des tracts aux élèves à moins de trois mètres de la grille d’entrée du lycée. Plutôt que de leur demander de s’éloigner de quelques mètres, M. Sochan vient les saluer et leur serre la main. Parmi les militants qui distribuent les tracts, se trouve un médiateur de la réussite scolaire du lycée, directement recruté par le proviseur (son service commence à 14h00).

Nous venons de prendre connaissance de la DHG. M. Sochan a de nouveau fait pression sur des collègues concernant leur avenir au sein de l’établissement. Le « hasard » veut que ces mêmes collègues se soient impliqués dans la grève du jeudi 4 février pour dénoncer la situation de notre lycée :

- Mme Pouchain, pourtant à l’origine de la création de la section Communication Graphique et actuellement nommée à la CPC du nouveau référentiel du Bac. Pro. trois ans, se voit à nouveau menacée de rejoindre l’équipe des Industries graphiques. Son statut favorisant cette possibilité, la menace n’en devient que plus pesante. M. Sochan prévoit le remplacement d’une partie des heures de Mme Pouchain par un collègue contractuel qui, de lui-même, avoue ne pouvoir suppléer les compétences si spécifiques de sa collègue.

- Ce même collègue contractuel est prévu en remplacement de M. Stragier, titulaire d’un poste en Arts appliqués, qui, suite aux réductions d’horaires affectées à sa matière d’enseignement, perd son temps plein. M. Stragier a rencontré M. Sochan. La réponse du proviseur a été la suivante : « Lorsque je donne du pain à quelqu'un, je n'aime pas me faire mordre la main ». Notre lycée porte le titre de lycée des Métiers de la Communication et des Industries graphiques. La valorisation de l’enseignement des Arts appliqués dans notre établissement devrait donc être une évidence. Pourtant, toutes propositions pour conserver ce poste sont systématiquement refusées, et ce malgré les préconisations de l’inspecteur de la discipline : aucune heure sur les 152 proposées par le nouveau référentiel, laissées à la volonté du proviseur, n’est attribuée aux Arts Appliqués (alors que l’année précédente la répartition fut plus équitable, donc possible). De plus, en terminale Bac., M. Sochan refuse d’achever le programme commencé selon les référentiels et les horaires du Bac. Pro. deux ans.

- Au lieu d’allouer les HSA, notamment aux Arts appliqués, et ainsi démontrer tout l’intérêt qu’il porte à cette discipline, M. Sochan a averti les représentants des enseignants lors du CA, qu’il voulait transformer ces HSA en HSE. D’autre part, il a annoncé sa volonté de transformer une grande quantité d’« heures postes » en HSE.

- Aussi, concernant les HSE, ces dernières doivent normalement être attribuées aux enseignants ayant mis en place au sein de leur établissement des projets, des activités culturelles ou sportives. Pouvons-nous réclamer un droit de regard concernant l’attribution de ces HSE ?

Comme vous pouvez le constater, à la veille des vacances de février, la situation de tension perdure dans notre établissement et nous inquiète au plus haut point.

Vous vous êtes engagé à étudier notre dossier de plus près, à auditionner les différentes équipes du lycée (administrative, pédagogique, personnel ATOSS, vie scolaire, etc.) afin de vous faire une idée objective de la situation. Votre volonté visait à rétablir un climat apaisé au retour des vacances de février afin que nous puissions tous, adultes et adolescents, travailler dans des conditions décentes, dignes et respectueuses. N’ayant toujours pas été contactés par vos services, nous nous permettons de vous solliciter de nouveau. Sachez que nous sommes déterminés à poursuivre ce mouvement afin que nous tous, enseignants, personnel ATOSS et élèves, puissions être fiers et heureux de travailler au lycée Alfred Costes.

Dans l’attente d’une écoute approfondie de nos difficultés, nous vous prions, Monsieur Reymond, d’accepter nos sincères salutations.

Les enfants gâtés du lycée Alfred Costes
(cf. : article du Parisien paru le 5 février 2010)