LES ENSEIGNANTS SONT À BOUT !
TOUT LE MONDE LE SAIT MAIS RIEN NE CHANGE
Après une rentrée chaotique, l’administration de notre lycée a décidé de tout faire pour nous affaiblir et entraver la bonne marche de notre travail. De « mesures de rétorsion » sporadiques (dixit le proviseur, M. Sochan), nous sommes passés à une impossibilité d’exercer notre métier normalement :
• blocage d’achat de matériels indispensables à l’enseignement (ordinateur, imprimante, cartouches d’encre, vidéo projecteur, etc.),
• gel des crédits de photocopies pour un grand nombre de collègues,
• professeurs d’enseignement général limités à l’obtention de cinq transparents par trimestre alors qu'ils ont de nouveaux programmes à mettre en place pour le passage aux Bac Pro en trois ans,
• difficulté de pratiquer et d’évaluer l’EPS depuis dix ans faute d’installations et d’infrastructures sportives à disposition, notamment en hiver, période où les élèves ne sont même pas autorisés à occuper la salle de permanence,
• entrave procédurière exacerbée dans la mise en place de projets tels que les sorties scolaires,
• remise en cause de la liberté d’enseignement au CDI avec la mise sous tutelle abusive des projets par Mme Fontaine (proviseure adjointe),
• remise en cause de l’adaptation des heures d’ouverture du CDI aux emplois du temps des élèves, des enseignants et des projets mis en place (plusieurs projets ont dû être annulés),
• salle des professeurs inadaptée au travail de soixante enseignants et hors norme d’hygiène. Le matériel informatique est obsolète et défectueux. Un seul cabinet de toilette, hommes et femmes confondus, est mis à disposition du personnel.
Cette année, plus que les années précédentes, nombre de collègues sont usés, déprimés ou repliés sur eux-mêmes. Certains vont jusqu’à demander leur mutation.
ET LA SÉCURITÉ DANS TOUT ÇA…
• Depuis la rentrée deux CPE ont quitté l’établissement,
• renvoi en juin 2009 de deux surveillants compétents pour des raisons personnelles et non professionnelles,
• manque de surveillants (depuis deux semaines, le lycée « tourne » avec deux surveillants pour 600 élèves et aucun CPE),
• aucun espace n’est réservé aux élèves malgré la promesse de la création d’un foyer,
• cet hiver, pour la tranquillité de l’administration et au détriment des élèves, suppression des bancs et du chauffage dans le hall d’accueil, seul endroit clos mis à leur disposition,
• de tout cela, il s’ensuit des difficultés graves et croissantes dans la gestion des élèves : bagarres, dégradations (carreaux cassés non remplacés), tags, début d’incendie, aucun contrôle des entrées et sorties des élèves, intrusion d’éléments extérieurs, multiplication des actes d’indiscipline et recrudescence de l’absentéisme, contrôle insuffisant des présents et des absents, violence envers le personnel ATOSS.
Par exemple (liste non exhaustive des faits les plus récents) :
• Jeudi 21 janvier 2010, aucun CPE n’était présent dans le lycée, seuls deux médiateurs assurent la surveillance. Des élèves fument dans les couloirs,
• Vendredi 22 janvier 2010, toujours peu de personnel d’encadrement présent au lycée. Personne à la vie scolaire entre 11h et 12h. Une bagarre à coups de béquille éclate, un début de feu est éteint par deux adultes du lycée. Personne ne surveille la grille d’entrée de l’établissement, ce qui permet à d'anciens élèves de pénétrer illégalement dans le lycée,
• Lundi 25 janvier 2010, il n’y a personne pour surveiller le réfectoire au moment de la pause déjeuner. M. Sochan lui-même n’assure le relais jusqu’à 13h40 environ. Pour une raison indéterminée, un élève « pète les plombs », s'énerve et ira jusqu’à déplacer le comptoir du self-service, rentrer dans la cuisine et terroriser le personnel ATOSS.
L’ADMINISTRATION
Les années précédentes, des personnes de qualité temporisaient l’autoritarisme de M. Sochan (Mme Rouff et Mme Bandeira -proviseures adjointes-, M. Joubert -intendant-, M. Cappellazzi -CPE-, etc.), ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.
Cela donne lieu à des débordements inacceptables :
• dénigrement systématique et public des enseignants devant les parents et les élèves,
• menaces régulières, harcèlement et propos insultants de M. Sochan.
Par exemple :
• le 29 mai 2009, à des enseignants qui plaisantaient à table : « Vous m’emmerdez, je veux manger tranquillement, vous dégagez sinon je vous interdis l’accès à la cantine »,
• à une collègue :« Taisez-vous, je pourrais vous gifler ! ».
Mme Fontaine, arrivée à la rentrée 2008 au poste de proviseure adjointe, a conforté les tensions avec l’administration :
• emploi du temps de professeurs avec douze à quinze heures de « trous » dispersées ça et là pour des services de dix-huit heures. Pour certains professeurs, trois à quatre emplois du temps différents ont été distribués au compte-gouttes avant d’obtenir une version définitive le 23 novembre,
• discrédit infondé de la formatrice de Français Langues Étrangères devant l’équipe de Lettres-Histoire, et volonté de supprimer une formation continue qui avait été validée,
• information par voie indirecte, au cas par cas, favorisant la rumeur,
• communication tardive d’informations pour des applications dans l’urgence, lors de la réunion parents/professeurs du premier trimestre,
• décisions prises, arbitrairement et sans concertation, par l’administration,
• manque de transparence, faute de planning clair, concernant les objets confectionnés par les ateliers pour des clients extérieurs,
• augmentation excessive des tâches administratives confiées aux enseignants qui ne relèvent pas de leur mission,
• dysfonctionnement de l’intendance : les comptes 2009 ne sont toujours pas clos, ce qui bloque toutes les commandes pour 2010,
• pressions exercées sur le personnel ATOSS et sur le personnel contractuel, notamment lors des jours de grève,
• conseils de classe volontairement programmés à des heures tardives auxquels nombre de délégués de classe ne peuvent assister. Mesure clairement annoncée lors de la réunion des professeurs principaux dans le but de punir l’équipe enseignante suite à son intervention auprès du recteur, le jour de la pré-rentrée,
• remise des bulletins du premier trimestre (hors élèves primés) pour la première fois attribués à la seule responsabilité des professeurs principaux, sans transmission de ce document par voie postale aux parents.
EN CONCLUSION
L’autoritarisme systématisé et la rigidité ne sont pas des méthodes pour diriger un établissement qui rencontre des difficultés. Nous ne pouvons et nous ne voulons plus supporter le sort qui nous est fait, ce que l’on veut nous infliger et infliger aux élèves.
Nous ne pouvons plus supporter en silence de voir notre établissement sombrer dans un chaos dissolu, alors que ces faits sont connus d’une grande partie de la communauté éducative et de notre hiérarchie au-delà même du lycée Alfred Costes.
Nous ne pouvons plus excuser une administration qui, prise dans sa seule volonté de nuire et de diviser, semble avoir depuis trop longtemps oublié que sa mission est d’œuvrer à l’exercice de nos métiers dans des conditions normales et à la formation des élèves dans le respect et la dignité.
Parce que ces missions sont les nôtres et qu’elles sont bafouées.
Parce que la vie au lycée professionnel Alfred Costes devient dangereuse pour les adolescents et les adultes de cet établissement, malgré nos alertes passées restées sans réponses, nous posons un préavis de grève pour le jeudi 4 février 2010.
Par conséquent, nous vous demandons une audience afin que la situation de notre établissement soit réellement prise en compte et ce à hauteur des dysfonctionnements mentionnés. Nous souhaitons que notre administration soit inspectée afin que notre intégrité professionnelle et humaine soit définitivement respectée.
L’équipe pédagogique du lycée Alfred Costes
Destinataires :
• L’équipe administrative du lycée Alfred Costes
• Les parents d’élèves du lycée Alfred Costes
• M. le Ministre de l’Éducation Nationale, M. le Recteur de l’Académie de Créteil, M. l’Inspecteur académique de Seine-Saint-Denis
• M. le Président de la Région Île-de-France, M. le Président du Département de Seine-Saint-Denis, Mme la Maire de la ville de Bobigny
• Les syndicats FCPE, FO, CGT Éduc’Action, SUD Éducation, SNUEP FSU, FSU Nationale, SGEN CFDT, UNSA Éducation, SNETAA EIL
• Le Parisien, Le Journal du Dimanche, Libération, Le Canard Enchaîné, Le Monde de l’Éducation, Siné-Hebdo, Charlie-Hebdo, RTL, France Info, RFI, L’Humanité
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